Château de Thozée

Château de Thozée : Histoire, lignées et héritage artistique

Le château de Thozée, situé dans l’entité de Mettet, est bien plus qu’une bâtisse. Il est le reflet d’un riche passé féodal, familial et culturel, enraciné dans l’histoire de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

Aux origines du domaine

Dès le XIIe siècle, une « villa Toscias » est mentionnée à l’emplacement du domaine actuel. C’est au XVe siècle que le nom de Thozée apparaît sous une forme proche de celle que nous connaissons aujourd’hui. À l’instar de Fosses-la-Ville, Thozée fait alors partie de la Principauté de Liège.

Au XVIIe siècle, le domaine prend un tournant décisif. En 1660, le roi Philippe IV d’Espagne octroie le château à Jean-Baptiste Stévenin, capitaine aux Îles et Forteresses du Rhin, qui reçoit le titre de baron de Thozée. Cette période marque un renforcement du prestige du domaine sous la gouvernance de la famille Stévenin.

De conflits à héritages : les Henry de Faveaux

Au début du XVIIIe siècle, un litige successoral au sein de la famille Stévenin entraîne une revente ou un partage du domaine. Peu à peu, une autre lignée s’impose : la famille Henry, dont Collin Henry relève officiellement le fief en 1478, selon certains récits.

Avec Pierre-Louis Henry (1666–1736), la famille adopte le nom Henry de Faveaux. Leur influence va perdurer près de cinq siècles. Parmi eux, Charles Henry de Faveaux (1757–1818), maire de Mettet et anobli par Napoléon Bonaparte, laissera une empreinte durable en reconstruisant la ferme du château après les ravages causés par les armées révolutionnaires. Il y fait apposer ses armoiries au-dessus du portail, symbole d'une lignée fière de ses racines.

Son fils Ferdinand Henry de Faveaux (1783–1877) poursuit l’embellissement du château en y intégrant des éléments néo-gothiques : construction de la tour sud-est, création d’une chapelle, surélévation des ailes, ajout de lucarnes décoratives, aménagement de salons… L’ensemble conserve un plan en U issu de la cense de 1708.

Un lieu de culture : Félicien Rops à Thozée
L’histoire du château se mêle aussi à celle de l’art belge du XIXe siècle grâce à Félicien Rops. En 1857, le célèbre peintre et graveur épouse Charlotte de Faveaux, héritière du domaine. Bien que le couple vive d’abord à Namur, puis à Bruxelles, Thozée devient rapidement un refuge d’été, de travail et de création pour Rops.

Entre 1852 et 1874, Rops y séjourne régulièrement. Il y peint le parc, réfléchit à l’enseignement de la gravure, travaille sur ses œuvres pédagogiques… Mais Thozée est aussi un lieu de rencontres intellectuelles : y passent Charles Baudelaire, Charles De Coster, Poulet-Malassis, Albert Glatigny, Louis Artan, Armand Dandoy, et d’autres artistes majeurs.

Malgré la séparation de biens du couple en 1874, Charlotte reste au château jusqu’à sa mort en 1929, élevant seule leur fils Paul Rops.

Une architecture et un intérieur classés
Le château actuel est une gentilhommière néo-classique, avec des éléments néo-gothiques ajoutés au XIXe siècle. Il comprend un corps principal sur caves hautes, une tour nord-est, deux ailes latérales, une cour, un jardin, et conserve les fondations de la cense de 1708.

L’intérieur du château est richement décoré et offre une atmosphère typique du XIXe siècle. Cinq pièces et un couloir ont été classés pour leur intérêt patrimonial :

le salon central, orné de tableaux de Rops et de ses contemporains ;

le salon de musique ;

la chambre bleue, où séjournaient les invités prestigieux (dont Baudelaire) ;

la salle à manger ;

le salon vert, conservant son mobilier et ses revêtements d’époque.

Un patrimoine vivant

Le château de Thozée est un témoin vivant du patrimoine de Mettet, alliant mémoire noble, histoire artistique et enracinement local. Chaque pierre, chaque salon, chaque tableau y raconte une page d’histoire, celle d’un lieu singulier, entre tradition et création.

 

Sources wikipédia  et locale- cartes postales collection Pierre Hubot